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🎓 Abrocasdabra – Atelier Participatif avec les habitants de Brocas

Dans le cadre de l’Atelier de projet : Architecture, Ville et Territoire du Master 1 d’architecture de l’ENSAP Bordeaux, un groupe de 6 étudiantes a mis en place un dispositif participatif d’échanges avec les habitants de la commune de Brocas dans les Landes. Cet atelier participatif s’est structuré autour de 3 temps de rencontre et d’animation :

  • 1ère rencontre sur la vie quotidienne dans le village,
  • 2e rencontre sur les pratiques de l’espace : la maison, les jardins, la voirie et les bâtiments publics,
  • 3e rencontre sur l’avenir d’un monument emblématique de la commune: les anciennes forges.

Ce travail a été l’occasion d’expérimenter des formats d’ateliers et d’animation originaux, dont elles rendent compte et analyse de manière critique dans un document de synthèse intitulé: LES AVENTURES D’ABROCASDABRA, Une démarche participative.

École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux – 2019/2020 – Master 1ère année – Semestre 7 – Atelier de projet Architecture, Ville et Territoire
Professeurs encadrants : Hocine Aliouane, Christophe Bouriette et Jacques Robert

Réalisé par Marguerite Aulanier – Emma Husson – Estelle Lafaille
Chloé Lemaître – Julie Mérignac – Camille Ollier

Présentation détaillée de l’atelier participatif

Au cours de l’atelier de projet du séminaire Architecture-Ville-Territoire de l’année scolaire 2019-2020 à l’ENSAPBx, un projet d’étudiants pousse l’opérationnalité un cran plus loin, tout en prenant le parti de se concentrer en premier lieu sur le diagnostic. Le village de Brocas, situé dans les Landes de Gascogne, a été choisi par un groupe de six étudiantes (Marguerite Aulanier, Emma Husson, Estelle Lafaille, Chloé Lemaître, Julie Mérignac, Camille Ollier) pour élaborer un projet spatial avec le concours des habitants du village. Leur objectif était de s’approcher au plus près des préoccupations et contradictions concernant le développement du village, ce qu’elles ont considéré comme uniquement abordable en passant par l’ « habiter ». Ce travail s’est avéré plus collaboratif que participatif, car tout au long de leurs rencontres avec les habitants, les étudiantes ont revendiqué le statut d’ « apprenants » de tous les participants, elles y compris. A l’origine de leur projet se trouve le thème de travail « Les ressources pour construire demain dans les Landes » proposé parmi les quatre thèmes proposés par les enseignants-chercheurs. Les trois autres thèmes étaient « l’habitat temporaire », « la redynamisation des centre-bourgs » et « l’apparition de nouveaux services à l’ère du numérique ». Le choix d’un travail portant sur les ressources a été porté par une sensibilité du groupe d’étudiantes par rapport à l’existant, et une volonté de chercher comment « faire avec » et tirer parti du « déjà là ».

Le travail des étudiantes a commencé par une analyse du territoire permettant d’en faire un diagnostic positif, c’est-à-dire un recensement des ressources tant matérielles qu’immatérielles présentes sur le territoire. Les deux ressources latentes principalement identifiées comme mobilisable et pouvant être des leviers efficaces de développement ont été :

  • Les habitants eux-mêmes et leur connaissance fine du territoire et de ses enjeux de développement parfois contradictoires.
  •  Le bâti existant considéré comme patrimoine qu’il est possible de valoriser pour répondre à plusieurs objectifs, comme renforcer l’identité du territoire, répondre à un besoin de densification du bourg, ou encore faire émerger une économie locale en permettant l’implantation de nouvelles activités locales.

Ces ressources devaient à l’origine permettre aux étudiantes de trouver des idées de solutions pour répondre à des enjeux sociaux, économiques, et environnementaux identifiés dans les Landes, et sur le village de Brocas en particulier, qui sont formulés par les étudiantes comme des hypothèses :

  • Attirer de nouveaux habitants par des formes d’habitat coopératif et rotatif pour répondre à des enjeux démographiques ;
  • Favoriser le maintien à domicile des personnes âgées pour envisager une solution à des enjeux sociaux forts ;
  • Développer une économie autour de la rénovation et des matériaux locaux afin de préserver le patrimoine bâti et culturel des villages ;
  • Imaginer un urbanisme “raisonné” et la valorisation des entreprises locales pour éviter une surconsommation des ressources et répondre à un enjeu environnemental inévitable.

A la suite de la formulation de ces hypothèses les étudiantes ont pris le parti de les mettre à l’épreuve de la réalité des habitants, plutôt que de poursuivre le processus de projet débuté par une phase de diagnostic suivi de la formulation d’enjeux et d’hypothèses. Pour cela le groupe s’est lancé dans une démarche qui peut être qualifiée de participative, ou collaborative, en organisant en tout trois « ateliers participatifs » regroupant des habitants du village et les étudiantes regroupées sous le nom « Abrocasdabra ».

Ces réunions avaient pour but de présenter les hypothèses formulées ci-dessus et de débattre de leur faisabilité à travers un travail collaboratif basé sur des « jeux de rôles » dans un cadre de prospective. Les étudiantes, se positionnant elles-mêmes comme « apprenantes », organisaient et dirigeaient les ateliers tout en cherchant à être des participantes au même titre que les habitants. Cette démarche consistait à tenter d’effacer les représentations généralement partagées dans la population entre les « experts » et les « non-sachants » qui pouvaient limiter ou bloquer la communication au cours des réunions. D’autre part le langage est rapidement apparu comme un enjeu de représentation et de communication. L’objectif de ces réunions étant de faire émerger le plus de connaissances issues d’une pratique habitante, il était crucial de libérer la parole de tous les participants en évitant les blocages dus à des formes d’auto-censure, et d’avoir un langage commun pour se comprendre.

Ce projet permet de développer une méthodologie du « faire ensemble », qui est une posture de coopération plus que de participation citoyenne. L’une des problématiques sous-jacentes à ce projet a été d’ordre politique, portant sur les formes gouvernances locales, et la possibilité d’aider à faire émerger une auto-gouvernance, en donnant la parole aux citoyens.

Finalement cette démarche d’ateliers participatifs et le processus développé sont devenus le projet du groupe d’étudiante pour l’atelier de projet-spatial de S7. Il s’agit d’une nouvelle approche, qui est issue de l’initiative des étudiantes, sans interférence de la part des enseignants.