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Expérimentation Expérimenter des coopérations Médoc

Axe 02 : Faire connaître les espaces agricoles de vente et d’accueil en Médoc

L’inventaire collectif d’exploitants inscrits dans une démarche de transition agro-écologique réalisé le 23 février 2018 à Saint-Laurent-Médoc à permis d’identifier 126 initiatives assez diversifiées. Au vu de la quantité d’éléments identifié, cet atelier démontre que le territoire du Médoc est engagé dans un processus de transition agricole. Cet inventaire est complété par les résultats d’un inventaire réalisé par le Pays de Médoc en 2017. Parmi ces initiatives, une trentaine d’exploitants développant une pratique de vente et d’accueil dans leurs locaux agricoles sont identifiés. Toutefois, ces démarches d’exploitants demeurent dispersées et individuelles. Par conséquent, l’équipe de l’A.M.I. envisage d’organiser un événement favorisant la mise en réseau de ces agriculteurs dans un premier temps, afin d’expérimenter leur collaboration autour de la réalisation d’un film court présentant les singularités de leurs pratiques agricoles.

L’objectif étant à la fois de favoriser l’entraide, de mieux connaître leurs parcours et les difficultés qu’ils rencontrent dans leurs processus de transitions, mais aussi de les accompagner dans la façon dont ils communiquent sur leurs activités de vente et d’accueil. Ces travaux permettent de tester un prototype de forme d’accompagnement par le PNR des démarches d’accueil et de vente à la ferme et de diffusion de ces expériences. L’équipe fait rapidement le choix de travailler avec peu d’exploitants dans l’idée de construire leur mise en réseau sur la base de relations interpersonnelles plus étroites et relevant de la sphère intime et amicale.

Atelier au Fort Médoc à Cussac-Fort-Médoc le 15 mai 2019

Atelier-repas au restaurant la fleur au fusil à Saint-Vivien-Médoc le 30 mai 2018

Localisation des ateliers

Entretiens approfondies avec les agriculteurs

Du 15 au 19 mai 2019, l’équipe va à la rencontre des huit agriculteur.rice.s présélectionnés sous la forme de visites et d’entretiens individualisés sur leur ferme. Ces entretiens servent à faire connaissance, à exposer le travail mené dans le cadre de l’AMI, ses premiers résultats, sa méthode, ses objectifs. Les entretiens n’ont pas fait l’oeuvre d’un guide d’entretien préalable. Les échanges ont duré en moyenne deux heures à la fois à l’intérieur, pour d’abord faire connaissance, puis à l’extérieur, pour visiter la ferme. L’objectif est de découvrir la manière dont l’interlocuteur.rice s’inscrit dans une forme de transition agricole en relation avec le sujet des espaces de vente et lieux d’accueil. L’intérêt et l‘engagement de l’agriculteur.rice à vouloir participer est déterminant dans la sélection finale de quatre interlocuteur.rice.s privilégiés sur les huit présélectionnés.

Objectifs

Comprendre les mécanismes sociaux de la transition agricole

L’objectif de cette enquête de terrain approfondie est de recueillir les histoires de ces initiatives du point de vue des porteurs eux-mêmes. Il s’agit de comprendre quelles sont les raisons de la mise en oeuvre de ces initiatives, les difficultés rencontrées tout comme les facteurs de succès. Nous cherchons également à saisir comment ces « porteur.se.s » perçoivent leur territoire, ses éventuels changements et comment ils le pratiquent. L’objectif consiste, d’une part, à rendre compte des mécanismes et des processus rendant possibles ces initiatives locales et, d’autre part, à saisir la manière dont elles s’inscrivent ou non dans la matérialité des paysages (interviews in situ des porteurs de projets et photographies réalisées sur place).

La méthode d’enquête mêle textes et images. Le protocole photographique choisi consiste à prendre des photos témoignant des pratiques liées aux initiatives (photo de localisation, bâtiments, outils, techniques, gestion des éléments linéaires comme les haies, fossés, talus…). La prise de photos doit être libre (dans les limites de l’accord préalable des propriétaires des lieux) même s’il peut aussi être utile d’être guidé par l’interlocuteur.rice sur place pour la prise de certains éléments jugés particulièrement signifiants.

Exercice du fil de laine pour identifier les réseaux d’affinités autour de l’écopastoralisme

Visites et entretiens individualisés sur les fermes de huit agriculteurs présélectionnés du Nord Médoc

Prendre le paysage à témoin

Lors des entretiens, une attention particulière est portée à la matérialité des initiatives, c’est-à-dire à leurs inscriptions spatiales et la manière dont elles façonnent ou non les paysages. Prendre le paysage à témoin, c’est donc tout d’abord saisir dans quelle mesure la transition agricole produit des formes paysagères singulières (notamment par rapport aux formes paysagères produites par l’agriculture conventionnelle). Mais prendre le paysage à témoin c’est également se donner les moyens de construire avec les interlocuteur.rice.s un support de discussion et un espace d’échanges. Mettre à jour les raisons qui expliquent les formes visibles s’offrant au regard de l’observateur.rice, c’est potentiellement s’offrir la possibilité de faire émerger d’autres types d’informations et registres de discours, de mettre à jour la nature des pratiques productives et des usages qui fabriquent les paysages agricoles.

Cette enquête ethnographique de terrain faite d’entretiens individuels et d’observations in situ est menée, autant que faire se peut, en binôme (prestataires indépendants et agent.e.s du futur PNR). Les échanges avec les acteur.rice.s sur le terrain lors des entretiens (de type semi-directifs) sont conduits en suivant la trame d’un guide d’entretien préparé en amont par l’équipe et décomposé en trois items : Fiche signalétique du porteur – Présentation de l’initiative étudiée (parcours de l’acteur.rice, histoire et réseau d’acteur.rice.s liés à l’initiative) – Territoire, agriculture et paysage (inscription territoriale, effets paysagers de l’initiative).

Présentation des résultats de l’enquête de terrain et des entretiens menés en 2018
Clairière d’élevage (volailles) dans la « forêt jardinée » de la ferme de Vertessec à Avensan (avril 2018) – Inter-rangs de vignes plantés pour régénérer les sols Château Palmer à Issan (avril 2018) – Serre de production de Spiruline de Saint-Vivien-de-Médoc (juin 2018) – Eco-pâturage dans les « marges » des domaines viticoles Lagrange à Saint-Julien-Beychevelle (avril 2018)

Atelier 1 : Atelier-repas de mise en réseau autour des espaces agricoles de vente et d’accueil

Le 30 mai 2018 en soirée dans un restaurant (La fleur au fusil) de Saint-Vivien-Médoc

Choix du lieu : L’atelier se déroulait dans un restaurant qui a accepté de cuisiner les produits des convives, afin d’engager la discussion.

Objectifs :

  • Créer des conditions conviviales de rencontre et d’échanges entre les agriculteurs et l’équipe de l’AMI afin que les agriculteurs sélectionnés fassent connaissance, échangent sur leurs pratiques agricoles, leur rapport au paysage, au terroir, au produit, au bien-être animal, etc. et leurs relations avec les clients de leurs espace de vente et d’accueil, et enfin imaginer une action concrète lors de laquelle ils collaboreraient.

Participants :

Afin de favoriser la convivialité de la rencontre entre ces agriculteur, sur les 8 préselectionnés, seuls les quatre qui portaient de l’intérêt à cette démarche et souhaitaient s’y engager concrètement ont été invités.

Déroulement de l’atelier :

1. Un kir médocain pour faire connaissance
 

Les échanges débutent par un tour de table de présentation rapide de l’ensemble des convives. Chaque personne est invitée à livrer une description personnelle des paysages des marais du Nord à partir d’une photo sélectionnée dans un corpus de 18 photos du marais du Nord Médoc puisé dans l’atlas des paysages de la Gironde.
Suite à ce premier exercice, les participant.E.s relèvent l’aspect calme et vide du territoire médocain : « Une des qualités du Médoc, c’est qu’il n’y a personne, on peut se balader une journée sans voir personne ». En plus de la lumière singulière de ces paysages du Nord Médoc, pour eux, il est important de souligner qu’ils sont façonnés par l’homme grâce à la construction des digues.

Exercice du fil de laine pour identifier les réseaux d’affinités autour de l’écopastoralisme

Atmosphère d’échanges conviviale et agréable du repas

Présentation des résultats de l’enquête de terrain et des entretiens menés en 2018
Plats cuisinés à partir des produits des agriculteurs invités
2. Un tartare d’huitres pour découvrir les pratiques agricoles

Ce temps du repas est l’occasion d’apprendre à connaître en détail les trois exploitant.e.s invités. A tour de rôle, ils sont invités à présenter leurs activités en détaillant l’histoire de leur installation dans les marais du Nord, leurs modes de commercialisation, de transformation et/ou de valorisation de leurs produits, lieux et techniques de vente, d’accueil du public à la ferme.
Les exploitant.e.s évoquent les difficultés qu’ils peuvent parfois rencontrer pour obtenir des permis de construire pour leurs bâtiments agricoles dans les marais. Le CAUE de la Gironde a été identifié comme un acteur pouvant apporter de l’aide dans ce type procédure. Ils soulignent également le travail intense que demande leur activité et les problèmes pour mener à bien tous leurs projets. Néanmoins, ils reconnaissent qu’avec un peu de patience et le bénéfice des aides agricoles, les choses avancent petit à petit.

3. Une joue et queue de boeuf, sauce au vin et légumes croquants pour s’imaginer à la place des clients

Dans ce troisième temps, les trois exploitant.e.s sont invités à décrire l’expérience paysagère de clients fictifs venant sur leur siège d’exploitation pour leur acheter des produits. Pour ce faire, le choix leur est donné de privilégier un profil de client.e parmi un jeu de 6 cartes. Autre contrainte, la description du parcours de leurs client.e.s fictifs doit débuter 1 km avant leur arrivée sur l’exploitation et détailler leurs modes de déplacements, les lieux traversés, les éléments vus, leurs gestes, attitudes, actions etc.
Cet exercice fait constater aux agriculteur.rice.s que leurs exploitations ne sont peut-être pas toujours faciles à trouver et que la mise en place ou l’accentuation de panneaux signalétiques peuvent peut-être y remédier. Raphaël Garcia, chargé de mission paysage et urbanisme du Pnr, souligne que l’installation de ces panneaux sera bientôt régie par un règlement de la publicité sur le territoire. Cet exercice révèle aussi que l’accueil du public sur leurs exploitations n’est pas toujours aisé, notamment en termes de respect des règles de sécurité́ (dangers de la circulation des engins agricoles) et de leur vie privée (non-respect des horaires d’ouverture). Il est également apparu important à leurs yeux de sensibiliser à leurs pratiques agricoles les consommateur.rice.s qui sont de plus en plus nombreux à respecter l’environnement.

Nuage de mots sur les enjeux et les leviers d’action de l’écopastoralisme
Outils d’animation et d’échanges mobilisés lors du repas
Nuage de mots sur les enjeux et les leviers d’action de l’écopastoralisme

Lieu de l’atelier-repas au restaurant la fleur au fusil à Saint-Vivien-Médoc

4. Un pavlova aux fraises pour coopérer autour d’une action

Le dessert est consacré à une synthèse orientée et partagée des discussions précédentes afin d’essayer de faire émerger une ou des pistes de travail pour mener une action concrète collectivement entre tous les convives réunis autour de la table.
Ce qui semble important pour les agriculteur.rice.s est que l’accueil à la ferme construise une relation étroite entre le consommateur.rice, le producteur.rice, les lieux et les pratiques de production. La vente à la ferme répond bien à un besoin des consommateur.rice.s de venir voir et vérifier par eux-mêmes que les agriculteur.rice.s sont bien producteurs et non des revendeurs. Mais l’accueil du public doit être bien pensé en lien avec l’organisation de l’exploitation pour éviter tout risque de conflits ou d’accidents avec les clients. L’affichage des horaires d’ouverture à l’entrée de la ferme et l’installation de panneaux directionnels semblent également à intégrer pour réussir l’accueil et la cohabitation d’activités aux logiques différentes (production, logement, accueil/vente).
L’un des trois exploitant.e.s à la table regrette, par exemple, que des promeneur.se.s puissent aujourd’hui se balader dans les marais, en bordures de ses champs, sans voir et comprendre qu’ils passent devant une ferme en maraîchage bio. Dès lors, les questions suivantes se sont posées : comment serait-il possible d’informer et de faire comprendre au public les particularités des paysages traversés et des pratiques agricoles associées ? En quoi le paysage pourrait-il vous aider à communiquer et informer les consommateur.rice.s sur vos activités ? Comment l’environnement de vos exploitations pourrait-il permettre aux consommateur.rice.s de comprendre vos activités ?

Résultats : Des pistes de travail pour un chantier pilote

En guise de synthèse, les agriculteur.rice.s se sont accordés à dire qu’il était difficile pour eux d’identifier les singularités ou spécificités de leurs pratiques agricoles par rapport à d’autres pratiques plus conventionnelles. Ce premier travail de construction de connaissances est une piste de travail autour de laquelle les convives pourraient se fédérer avec l’aide des compétences de l’équipe de l’AMI.

Retour d’expérience :

Les ateliers-repas -menés à la fois dans un restaurant ayant transformé et valorisé les produits des agriculteur.rice.s impliqué.e.s ou chez une agricultrice qui avait préparé pour l’occasion un plat à partir de sa production (porc au lait)- ont permis de déguster les paysages à la fourchette et d’en parler. Ces modalités d’animation particulières ont aussi déplacé les lieux habituels où se déroulent ce type. L’équipe de l’AMI a toujours porté une attention particulière à la qualité des situations d’échanges et à leur adéquation avec le sujet traité. L’hypothèse est bien que cette attention portée aux lieux et à la qualité des relations améliore la richesse et le contenu des échanges mais aussi faciliter la mise en place de potentielles coopérations entre les agriculteur.rice.s impliqué.e.s.

Atelier 2 : Atelier d’échange autour de captations visuelles et sonores sur les fermes

Les 20-21 juin 2019 (captation) et les 25 septembre 2019 (projection-débat)

Choix du lieu : Pour favoriser la convivialité, la projection à lieu chez l’un des quatre agriculteurs concernés.

 

Objectif :

  • partager les connaissances sur les rapports qu’entretiennent les agriculteurs à leur milieu

Déroulement de l’atelier :

Atelier de captations visuelles et sonores sur les fermes

Les 20 et 21 juin 2019, un séminaire du projet de recherche régional intitulé « Marginov » et dont l’AMI constitue un territoire-laboratoire a lieu sur le territoire du Médoc. L’équipe saisit alors cette opportunité pour prolonger les pistes de travail de l’atelier-repas. La dizaine de chercheur.e.s participant au séminaire est donc invitée à réaliser des captations visuelles et sonores, sur une matinée et chez les quatre agriculteur.e.s impliqués dans cet axe de travail.
Le vendredi 21 juin dans la matinée, quatre sous-groupes composés de trois à quatre chercheure.s et membres de l’équipe de l’AMI sont accueillis sur les quatre fermes concernées. Chaque sous-groupe dispose d’un outil de captation différent : une caméra et un vidéaste pour le premier groupe, un drone et un pilote pour le second, un enregistreur sonore et un technicien pour le troisième et, enfin, un appareil photo pour le dernier. Tous ont pour consigne de réaliser des captations courtes, peu nombreuses et ciblées sur des éléments précis capables d’illustrer ce qui peut caractériser les singularités ou spécificités des pratiques agricoles des agriculteur.rice.s rencontrés. Le protocole de déroulement de la rencontre est identique pour tous les groupes. Le choix des captations se fait en accord avec l’hôte au fil d’une discussion libre à pied et à ses côtés sur son exploitation.

Captations sonores et visuelles chez l’une des quatre agriculteur.rice.s lors du séminaire Marginov

Projection et échanges à partir des captations sonores et visuelles

Atelier-projection des captations visuelles et sonores sur les fermes

Une fois les captations projetées, écoutées et discutées, l’équipe de l’AMI propose aux convives de poursuivre les échanges en deux sous-groupes de 3 personnes sur les types de rapports « homme-milieu » que les captations ont réussi à mettre en lumière. Une liste préalable est constituée par l’équipe de l’AMI pour accompagner et nourrir les échanges si besoin : rapport aux animaux domestiques, aux animaux sauvages, aux insectes, aux plantes, à l’eau, à la terre, au soleil, à la pluie…
Une fois les rapports « homme-milieu » partagés et débattus collectivement, les agriculteur.rice.s valident le sujet de chantier pilote proposé par l’équipe de l’AMI de réaliser un film commun et collectif. L’objectif est de concrétiser les premiers travaux de construction d’une connaissance sur les singularités et spécificités de leurs pratiques agricoles. Il est aussi convenu que les matériaux récoltés lors des captations visuelles et sonores ainsi que la liste des rapports « homme-milieu » réalisée lors de cet atelier constitueront la matière première pour construire le contenu et la trame narrative du film. Tou.te.s se sont entendus sur le fait que ce film doive être conçu à la fois comme un objet de communication pouvant être utilisé par les agriculteurs eux-mêmes et comme, au moment du tournage et de la projection notamment, une opportunité supplémentaire et une modalité d’enquête complémentaire pour travailler sur le sujet traité.

Atelier 3 : Film court sur les pratiques agricoles et les expériences paysagères

Objectifs :

  • Réaliser un film court pour rassembler et organiser dans un récit commun la connaissance acquise sur les singularités des pratiques agricoles du groupe d’agriculteur constitué lors des ateliers précédents.

Réalisation :

La réalisation du film est confiée à des paysagistes vidéastes professionnels (https://www.lesbobinesdupaysage.com/), les jaquettes du DVD sont confiées à un artiste-graphiste (Pierre Jeannot) sous la forme de sérigraphies réalisées dans l’atelier d’une association creusoise de sérigraphie (les Michelines) et la coordination est assurée par les membres de l’équipe de l’AMI impliqués sur cet axe de travail.

Déroulement de l’atelier :

1. Scénario et Tournage

Trois versions de scénario du film sont nécessaires pour aboutir à une version permettant le tournage concret dans les fermes avec les agriculteurs-acteurs. Le scénario est co-rédigé entre les membres de l’équipe de l’AMI et les deux paysagistes-vidéastes en tenant compte des rapports homme-milieu identifiés préalablement et de la possibilité ou non de les mettre en scène en fonction des contraintes liées à la saison de tournage, de la durée limitée du tournage (deux jours), du format court du film, de la disponibilité des agriculteur.rice.s, etc.
Au final, l’équipe choisit de mettre en scène cinq types de rapports « hommemilieu » identifiés avec les agriculteurs précédemment, à savoir le rapport aux animaux domestiques, le rapport aux plantes, le rapport à l’eau, le rapport à la terre et le rapport aux clients. Le film propose de suivre un consommateur venant acheter des produits à la ferme ou sur les marchés. D’une ferme à l’autre, ce consommateur découvre à l’intérieur même des paysages, aux côtés des agriculteurs eux-mêmes, quelques-uns des rapports qui les unissent à leur milieu. Le visiteur se fait donc « ouvrir les portes des paysages » et se fait également expliquer les pratiques agricoles quotidiennes qui participent à en modeler la matérialité visible.

Exercice du fil de laine pour identifier les réseaux d’affinités autour de l’écopastoralisme

Trois versions différentes et progressives de scénarios du film

Présentation des résultats de l’enquête de terrain et des entretiens menés en 2018
Tournage sur d’une demi-journée avec chacun des quatre agriculteurs-acteurs sur leurs fermes

2. Tournage et montage du film

Le tournage a lieu les 25 et 26 octobre 2019. Une demi-journée de tournage est consacrée à chaque agriculteur.rice sur le siège de leur ferme. Les agriculteur.rice.s jouent leur propre rôle, dirigé par les vidéastes. Les plans n’ont pas toujours pu être tournés de manière chronologique par rapport au scénario initialement prévu. Toutes les scènes imaginées préalablement définies n’ont également pas toujours pu l’être en raison de facteurs imprévus. De nouvelles scènes ont donc dû être imaginées sur le moment avec les agriculteur.rice.s euxmêmes. Ces nécessaires adaptations et improvisations étaient attendues par les vidéastes. En effet, ces adaptations sont inhérentes (voire même peuvent être parfois recherchées par les vidéastes) à ce type de tournage et de film mettant en jeu les registres du documentaire et de la fiction. Les plans et scènes sont filmés de trois manières différentes et complémentaires : à la caméra fixe sur pied, à la caméra mobile à l’épaule avec un stabilisateur et avec un drone.
Une fois le tournage achevé, les vidéastes se lancent dans le montage. Une semaine est nécessaire pour l’effectuer et aboutir à la version finale du film.

3. Jaquette du DVD du film

L’équipe choisit de donner une importance toute particulière à la jaquette du DVD du film. L’objectif est de faire de cet objet une oeuvre artistique unique en série très limitée et numérotée pour lui donner une qualité esthétique et une valeur symbolique fortes. L’équipe de l’AMI fait appel à Pierre Jeannot, artiste-graphiste installé en Creuse et habitué à ce type de travaux, en lui confiant la mission de concevoir le graphisme et la réalisation des jaquettes. L’artiste choisit de créer un motif graphique commun entre les quatre agriculteur.rice.s tout en singularisant chaque jaquette par un motif graphique et une couleur spécifique pour chacun. Pour réaliser les jaquettes, il utilise la technique de la sérigraphie. Les jaquettes sont réalisées dans l’atelier d’une association creusoise de sérigraphie (Les Michelines) à Felletin.

Nuage de mots sur les enjeux et les leviers d’action de l’écopastoralisme

Étapes de la création graphique à la réalisation sérigraphique des jaquettes des DVD du film

Nuage de mots sur les enjeux et les leviers d’action de l’écopastoralisme

Atelier de projection du film et échanges autour des pistes de prolongements du chantier pilote

4. Atelier-projection du film

Pour l’animation de cet atelier, l’équipe de l’AMI prend en référence la bande dessinée « Les ignorants » réalisée par Etienne Davodeau. Dans cette BD, l’auteur s’initie pendant une année au travail de la vigne en compagnie d’un vigneron tout en lui expliquant et lui faisant découvrir en échange les arcanes du monde de l’édition et de la bande dessinée. Ainsi, cet atelier est construit pour qu’en échange du temps que les agriculteur.rice.s ont accordé à l’équipe de l’AMI pour les faire accéder à leur monde, les vidéastes et l’artiste graphiste puissent leur faire découvrir toutes les étapes de réalisation du film et de conception de la jaquette du DVD. L’atelier-projection a lieu le 4 décembre 2019 pour la deuxième fois dans le salon de Dania Boettcher-Roux sous la forme d’un apéro dinatoire aux saveurs locales et biologiques.
Des pistes concrètes de prolongements de ce chantier pilote ne sont pas apparues de manière évidente pour les quatre agriculteur.rice.s. En revanche, il leur est apparu nécessaire à présent d’élargir à un groupe plus large et à d’autres zones du Médoc la démarche de construction de connaissances sur les singularités et spécificités des pratiques agricoles et expériences paysagères par le prisme des espaces de vente et lieux d’accueil. Il semble donc nécessaire de solliciter une rencontre collective avec la trentaine d’agriculteur.rice.s sur le territoire médocain relevant de la transition agricole (culture biologique, circuits-courts, vente directe, etc.).

Résultats :

[Texte de présentation du film par Stéphane Duprat]

Source complémentaire :  page consacrée à ce film sur le site des bobines du paysage.

Perspectives d’actions sur les pratiques agricoles et les expériences paysagères

Poursuivre la construction d’une connaissance sur les pratiques agricoles relevant de la transition agricole par l’entrée du paysage (Ex : indices de qualité paysagère)
Une des premières perspectives de cet axe de travail tient à la qualité des résultats obtenus sur l’hypothèse de travail de l’AMI que les paysages de la transition agricole avaient des résultantes observables, même subtiles ténues, ou relevant d’une analyse attentive. Qu’ils soient sonores, olfactifs ou visuels, les paysages de la transition agricole en Médoc ont en effet des particularités propres, notamment dont certaines ont été mises en récit dans le film élaboré avec les Bobines du Paysage. Ce postulat, vérifié avec quatre agriculteur.rice.s, mériterait d’être renouvelé et approfondi pour détecter et comprendre ce type d’indices sur d’autres unités paysagères que les marais du Nord Médoc et ainsi faire en sorte de les révéler et mettre en valeur auprès du plus grand nombre pour construire une imagerie paysagère du Médoc sur d’autres registres que ceux relevant de l’exceptionnel, du spectaculaire ou du pittoresque et d’engager une action sur les paysages à partir d’une connaissance pratique, contextualisée et la plus partagée possible.
Intégrer le paysage dans le référentiel local de la marque « Valeurs Parc »
Le travail sur les paysages des exploitations agricoles en transition amène aussi à esquisser la perspective d’une implication plus forte du Pnr dans les pratiques des agriculteur.rice.s intéressé.e.s pour acquérir une certaine visibilité, à travers notamment la marque « Valeurs Parcs » qui sera déployée dans la stratégie du Pnr en matière de développement économique et touristique du Médoc. Parler de paysages dans le référentiel à mettre en place au niveau local, avec des critères construits collectivement avec ces exploitant.e.s, serait un levier intéressant pour faire émerger de nouvelles manières de faire et de nouvelles manières de percevoir les efforts effectués.
Aider à la communication des agriculteur.rice.s engagé.e.s dans la transition agricole par l’entrée des paysages
Au-delà de la marque, le Pnr envisage également d’appuyer les exploitations engagées dans des pratiques agricoles vertueuses à travers plusieurs autres dimensions relevant davantage de la communication et de la matérialité des espaces. Les propositions en ce domaine pourraient se traduire par la conception et l’implantation de panneaux de médiation, d’un travail sur l’aménagement d’aires de pique-nique ou d’espaces publics à proximité des exploitations, de sentiers traversant des paysages agricoles, par un accompagnement à l’évolution qualitative des espaces de vente directe à la ferme ou encore d’un travail d’éducation à l’environnement avec des publics scolaires.