Le séminaire de terrain Médoc 20-21 juin 2019
Les deux jours de ce séminaire vise à offrir aux participants les conditions d’un échange et d’une réflexion collective entre des chercheurs en sciences humaines et sociales du projet Marginov, des agents d’institutions publiques girondines, des praticiens de la conception de l’espace et du développement local, des agriculteurs du nord Médoc et des porteurs de tiers lieux Médocains.
Ce séminaire a aussi été pensé comme un cadre d’expérimentation méthodologique pour les participants. Au sein même du séminaire, il s’agit d’éprouver et de questionner certains « lieux » et « objets » par l’expérience collective afin d’en mesurer le potentiel réflexif et méthodologique à « montrer que les territoires en marge peuvent constituer des révélateurs du rapport d’une société à ses ressources et à son environnement, mais aussi des lieux incubateurs de solutions alternatives pour renouveler les pratiques en matière d’aménagement et de développement local des territoires, autant que de gestion des environnements ou de préservation des patrimoines bâti, naturel et paysager.»
Les Séminaires de terrain de MARGINOV
Les séminaires de terrain sur les territoires-laboratoires constituent à la fois des lieux d’échanges et des étapes clés dans la réalisation des différents objectifs du projet de recherche. Ils permettent aux membres des équipes travaillant sur un terrain d’étude particulier de connaître les autres terrains et de dialoguer sur place avec certains des principaux acteurs de la recherche et des politiques publiques locales. Enfin, ils permettent d’assurer la comparabilité des situations territoriales et des processus d’innovations socio-spatiales dans les territoires étudiés.
Présentation du Séminaire par Stéphane Duprat
« Lieux » – journée du 20 juin 2019
Présentation des méthodes d’animation par le bureau B02
Soline Bouveaux (Paysagiste) – Nicolas Taillandier (Géographe, développement territorial)
Par « lieux », il est entendu ici les conditions matérielles et institutionnelles qu’offrent certains territoires ou espaces qui apparaissent favorables à ce qui pourrait être considéré ou définit à de l’innovation ou des formes d’innovations. « Lieux » peut aussi signifier à la fois des lieux physiques, des contextes politiques, des espaces institutionnels ou non institutionnels, des temps, des dispositifs ou des configurations spatiales…qui permettent de déterminer une direction ou une trajectoire collective. « Lieux » peut également être à la fois un « terrain », au sens d’une enquête ethnographique, et un « laboratoire », où l’on peut agir. On rejoint là, le sens donné aux « territoires-laboratoires » dans le projet Marginov.
# 1 SEANCE EN SALLE : « TEMPS DE PRESENTATION ET DISCUSSIONS SUR LE CONTEXTE »
Présentation du programme MARGINOV par Bernard Davasse (coordinateur)
Présentation de la méthode par Stéphane Duprat
Présentation du PNR du Médoc par Aurélie Hocheux (directrice du PNR)
Présentation de la politique du paysage par Raphaël Garcia (chargé de mission paysage et urbanisme au PNR)
Présentation du travail de recherche-action mené par Mathilde Levielle au PNR
# 2 PIQUE-NIQUE PARTAGE : « TEMPS DE DISCUSSIONS SUR l’HERBE »
Les « vraies raisons qui motivent la création d’un espace de projet partagé »
Une animation légère et conviviale est assurée par le b02 (Soline Bouveaux & Nicolas Taillandier) lors d’un repas sur l’herbe. Ce temps est conçu comme une entrée en matière pour mettre les cerveaux en éveil sur la question des « lieux » (espaces de projet partagé).
Une fiche intitulée « Les (vraies) raisons qui motivent la création d’un espace de projet partagé (Lieu) » est distribuée à chaque participant. Elle comporte une série d’affirmations assez tranchées sur lesquelles il s’agit de placer un curseur selon que l’on est d’accord entre 0% et 100%. Une possibilité est donnée d’expliquer ses choix, d’ajouter un commentaire, de corriger les affirmations, d’en ajouter.
Ces affirmations sont volontairement caricaturales et provocatrices pour faire réagir. Chaque personne renseigne sa fiche individuellement et dans l’anonymat pendant une dizaine de minutes. Les affirmations proposées concernent les motivations qui président à la création d’un « lieu » sont les suivantes :
- Détrôner l’architecte du coin qui fait tous les projets à 40 km à la ronde
- Mettre définitivement fin à l’accompagnement de projets type « DDT »
- Déposséder l’élu de sa prise de décision en solo
- Rompre avec la médiocrité, le mimétisme dans les projets
- Ne plus avoir à remplir de tableaux Excel et de fiches actions
- Prendre du plaisir, boire des coups et être dehors sur le terrain
- La volonté des techniciens de prendre le pouvoir
Les composantes d’un lieu/espace de projet partagé
Un second temps lors du repas propose d’entrer plus avant dans la notion d’espace de projet partagé en abordant les éléments qui en seraient constitutifs. La consigne donnée à quelques participants volontaires, à tour de rôle, est la suivante : « Faire le choix d’un objet dans chaque série qui correspond à l’idée que vous vous faites d’un espace de projet partagé (« LIEU »). Expliquez vos choix. ».
Cette animation pensée autour d’objets et de ce qu’ils sont censés symboliser est un prétexte pour inviter les participants à exprimer l’idée qu’il se font d’un espace de projet partagé, à dégager des tendances ou un positionnement.
Les cinq catégories d’objets disposées au sol sont les suivantes :
Les objets symbolisant les outils:
- Le lieu : la maison du projet avec le bureau du technicien, la halle publique ouverte aux citoyens, la caravane permettant l’itinérance et un accompagnement sur chaque site de projet, la carte symbolisant une présence de terrain au plus près des situations de projet.
- La gouvernance : le bâton de parole symbolisant l’expression des points de vue, la bouteille d’eau de vie pour la relation conviviale, le contrat et le règlement pour la relation établie, le dispositif ou programme d’actions pour la politique publique « normée ».
- Les outils : le mini bus en référence à l’idée de voyage apprenant, la loupe pour l’observation et la compréhension du terrain, les outils de bricolage, la sculpture pour l’approche artistique, le téléphone pour la communication et les nouvelles technologies, le programme culturel pour la médiation culturelle.
- Les phases de projet : la formation, la mission d’étude de définition, la programmation, la maitrise d’œuvre, la planification.
- Les intentions : le tube à essai pour signifier l’expérimentation, le mobilier recyclé pour l’économie de moyens (la frugalité), le baromètre du projet durable pour la prise en compte du développement durable, la structure en verre pour l’architecture contemporaine.
Les objets symbolisant les lieux :
# 3 ATELIER COLLECTIF DE MAQUETTE : « TEMPS DE CONCEPTION AUTOUR D’UN CAS D’ETUDE »
Sur un créneau de deux heures dans les locaux du tiers-lieu La Cocotte numérique dans le centre-ville de Lesparre-Médoc, un atelier de conception est proposé à l’équipe autour de la notion d’espace de projet partagé en s’appuyant sur un cas d’étude : la création de l’atelier rural d’urbanisme et de paysage du Parc Naturel régional de l’Aubrac, nommé ARUP.
Cet exercice doit permettre de se décentrer du territoire du Médoc pour poser autrement les questions inhérentes au montage d’un espace d’accompagnement de projets.
En deux sous-groupes de 4-5 personnes, les participants ont une heure pour proposer une maquette et décrire comment fonctionne cet atelier. Ils ont à disposition une note, rédigée par le bureau B02, présentant le contexte et les objectifs du futur ARUP. Chaque équipe s’exprime sur un support de maquette au format A0 en utilisant le matériel créatif mis à disposition. Elles sont guidées dans leur réflexion grâce à une fiche support qui les amène à rédiger :
- Les modalités d’intervention de l’atelier (organisation, outils et méthodes, postures individuelles et collectives, partenariats, formation, etc.)
- Le récit du scénario pour le futur fonctionnement de l’atelier
- Le changement de paradigme pour l’accompagnement de projet
- Les étapes pour parvenir à diffuser une culture du mode projet
Enfin, pendant une heure, les deux groupes restituent et mettent en débat les deux maquettes produites.
« Objets » – journée du 21 juin 2019
Par « objets », il est entendu tous les artefacts, mediums ou outils ayant pour objectif la production de connaissances partagées et la collaboration dans l’action et/ou la recherche. Ces « objets » peuvent être une interface de collecte d’informations, un support d’échanges, un outil de travail, de synthèse… Le paysage lui-même peut-il constituer un « outil intermédiaire actif » ? C’est-à-dire une démarche de projet qui utilise le paysage comme un outil à l’intersection des différents acteurs, au carrefour des manières de voir, de dire et d’utiliser le territoire. Le paysage, en tant que reflet et image des environnements, offrirait alors la possibilité d’incarner et de rendre concret la complexité des situations territoriales, agricoles et socio-écologiques dans et sur lesquelles les sociétés agissent et, sur cette base, de générer des espaces de délibération et de négociation ouverts à la diversité des savoirs et des expériences.
#4 CAPTATIONS SUR LE TERRAIN : « Temps d’enquête sur le terrain avec des acteurs locaux »
L’équipe de recherche s’est divisée en quatre groupes de trois personnes répartis sur quatre exploitations agricoles déjà identifiées au préalable dans le périmètre du Nord Médoc autour de la commune de Saint-Vivien-Médoc. L’objectif de ces rencontre avec des exploitants agricoles était d’observer leurs pratiques et d’identifier avec eux sur le terrain leurs particularités afin d’en rendre compte à travers différents médias. Il est donné à chaque groupe un média différents (son, photographie, vidéo zénithale par drone ou vidéo horizontale). L’objectif de cet atelier est de permettre aux participants de ce séminaire de terrain d’expérimenter des méthodes de recherche inhabituelles à travers des outils de captations visuelles et sonores rarement employées.
# 5 DEJEUNER DANS LES MARAIS DU MEDOC : « Temps convivial de retours d’expériences »
# 6 ATELIER COLLECTIF : « Temps de retours d’expériences de terrain autour des méthodes visuelles »
Présentation des usages des méthodes visuelles dans la recherche par Fabien Reix (Sociologue – fondateur de la revue française des méthodes visuelles)