Le pays de Haute Lande

La Grande Lande est l’un des 7 territoires-laboratoires sélectionnés dans le cadre du programme de recherche MARGINOV porté par l’UMR Passages et soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine.

La Grande Lande, des initiatives d’avant-garde qui demeurent isolées

Des territoires spécialisés entre sylvo-industrie et économie résidentielle

La Grande Lande (aussi appelé Haute Lande) est un territoire situé à l’écart de l’influence de la métropole bordelaise et du littoral aquitain touristique. Elle est située au cœur de la principale forêt productive française, très marquée donc par la filière sylvo-industrielle. Principale source d’emploi sur place (21 % des emplois), l’économie de cette filière bois est aujourd’hui dépassée par celle résidentielle fondée sur les métiers d’aide à la personne. Cette mutation témoigne tant de l’installation de retraités (⅓ de la population) que du départ croissant des jeunes actifs. Ces évolutions se traduisent dans les différents diagnostics de territoire produit par le PNR des Landes de Gascogne et le Syndicat mixte devenu PETR (Pôle d’équilibre territorial et rural) de la Haute Lande. La crainte est de voir la Grande Lande devenir aux côtés de la métropole bordelaise une zone résidentielle vieillissante émaillée de friches d’une industrie du bois traditionnelle en perte de vitesse

Un territoire à cheval sur plusieurs périmètres institutionnels

Une banalisation des paysages à prendre en compte

Ces évolutions conjointes (vieillissement de la population et spécialisation/intensification de la filière bois) se traduisent par une banalisation progressive des paysages bâtis et forestiers de la Grande Lande. Dans les centres-bourgs comme dans les quartiers d’airiaux, le bâti ancien et les commerces sont progressivement abandonnés au profit de lotissement et de centre commerciaux périphériques. Cela aboutit à une artificialisation des sols et à la diffusion de modèles standardisés de construction (lotissement construit sans utiliser les matériaux et les savoir-faire locaux) et d’aménagement. La spécialisation de la filière bois vers le papier et la biomasse-énergie a conduit à une monoculture productiviste responsable d’un appauvrissement des milieux (réduction des zones humides, homogénéisation des essences, banalisation des écosystèmes), d’une faible résilience face aux aléas météo-climatiques et d’une disparition des scieries.

Des ressources territoriales à faire dialoguer

Cette lecture pessimiste du territoire de la Grande Lande est partiale, car elle amène à omettre un certain nombre d’initiatives et de ressources locales mobilisées par les acteurs du territoire. Toutefois, il est vrai qu’un clivage sectoriel entre la filière sylvo-industrielle et les autres secteurs d’activité du territoire (tourisme, animation culturelle, gestion des espaces naturels…) marque de longue date les stratégies de développement de la Grande Lande.

La filière sylvo-industrielle s’est instituée comme un acteur majeur du développement de la grande Lande à partir des années 1960. On note notamment la création en 1980 de l’association AIRIAL (Association interdépartementale pour le renouveau, l’industrialisation et l’aménagement de la haute Lande), qui vise à « inverser le déclin de la démographie en renforçant notamment la filière bois-papier ». Le Pays (2003) devenu PETR de la Haute Lande en 2015 est un héritage direct de cette structure. Cette dynamique a donné lieu ensuite à de nombreux projets territorialisés autour du développement de la filière sylvo-industrielle et de la collaboration entre acteurs de cette filière avec notamment le pôle de compétitivité « Xylofutur. Produits et Matériaux des Forêts Cultivées ». Toutefois, la filière bois actuelle tend à être pilotée par des acteurs internationaux de moins en moins présents sur le territoire, et de ce fait, les élus locaux peinent à avoir une influence sur cette activité.

Dans le même temps, le PNR des Landes de Gascogne créé en 1970 fait partie des plus anciens de France. Il œuvre initialement à la valorisation du patrimoine culturel et naturel de la Grande Lande et au développpement d’un tourisme vert. L’espace forestier productif (67 % de la surface du département des Landes) échappant à son action, il se concentre sur la mise en valeur touristique des espaces naturels résiduels – principalement des cours d’eau comme la Leyre, et du patrimoine culturel de la société Landaise du XIXe siècle à travers l’écomusée de Marquèze.

En parallèle de ces deux axes de développement local, la Grande Lande est le théâtre d’une vie associative et culturelle dynamique. Les cercles de Gascogne, en particulier, sont des cafés associatifs hérités de l’histoire politique et industrielle contemporaine, Ils sont encore très actifs dans la vie quotidienne. Sur un autre plan, on peut noter l’importance des associations organisant des festivals musicaux dans ce territoire. Le plus connu d’entre eux, le Festival de jazz d’Uzeste a été créé en 1978. Il se revendique comme un des premiers festivals d’art vivant en milieu rural.

Un lieu d’échange et mobilisation sur la construction et l’aménagement : « l’Atelier des Landes »

La Grande Lande n’est pas un territoire atone et passif face à une dynamique de résidentialisation lié à l’essor de la métropole bordelaise. De nombreuses initiatives émaillent ce territoire en mobilisant des ressources locales. Toutefois, ces actions demeurent souvent cloisonnées. La création de l’Atelier des Landes vise explicitement à susciter autour de certaines ressources des partenariats inédits entre des acteurs provenant de secteurs différents.

Ce mode d’action a été initié à partir de 2005 par des collaborations entre l’ENSAP Bordeaux, ses équipes de recherche (ARPÈGE et CEPAGE, puis PASSAGES) et différentes collectivités locales et autres territoires de projets locaux. Les ateliers pédagogiques « hors les murs » et les recherches qui se sont succédés sur le territoire ont débouché sur des projets d’architecture et de paysage visant à la mise en synergie des initiatives contribuant au développement durable du territoire. Ces initiatives  mobilisent des ressources locales peu ou pas utilisées à ce jour – telle que le pin des Landes dans la construction, mais également le bambou ou le carton.

En 2018, sur la base de ces expériences est née l’idée de créer sur le site central de la friche de la scierie de Moustey un lieu permanent, intitulé Atelier des Landes. Cet Atelier a pour objet de favoriser l’échange de savoirs et de savoir-faire entre l’université et les acteurs du territoire et de stimuler l’innovation en mettant en place des expérimentations dans les domaines de la construction et de l’aménagement, qui mobilisent les ressources locales et leur réemploi. Le volet expérimentation de ce dispositif est assuré par un collectif d’architectes : Le collectif WALDEN.

Actions d’accompagnement des démarches innovantes du territoire

Carte des démarches accompagnées par Marginov

Les actions d’accompagnement dans le processus d’innovation socio-spatial

Identifier les ressources et initiatives du territoire

Susciter des échanges entre acteurs

 

expérimenter à partir de chantiers collaboratifs

 

Structurer  et Pérenniser démarches et actions

Les partenaires :
  • Enseignement supérieur et recherche : ENSAP Bordeaux, UMR Passages, DSSA La Souterraine
  • Institutionnel : Conseil départemental de la Creuse
  • Société civile et acteurs économiques : Réseau TELA, Bureaux B02, Agence Détéa
L'équipe scientifique
  • Coordination  :  Claire Parin
  • Contributeurs :  Christophe Bouriette, Diane Camus, Hervé Goulaze, Camille Mesnard, Claire Parin, Jacques Robert.
Pour approfondir :

Références bibliographiques :

 

Parin, C., Bouriette, C. & Robert, J., (2019), Les leçons de 10 années de recherche – action sur le territoire des Landes_Lessons from a Decade of Action Research in the Landes, In : X. GUILLOT et P. VERSTEEGH (éd.), Transition économique et nouvelles ruralités, Saint-ÉtiennePublication de l’Université de Saint-Étienne, vol. 8.

MESNARD C., Rapport sur la recherche-action « Atelier des Landes » : Recherche-action menée depuis 2012 en partenariat avec le PNRLG, le BARVAL et le Pays d’Albret, dans le cadre de l’enseignement de M1 à l’ENSAP Bordeaux A.V.T. [Rapport de recherche] 1, UMR 5319 PASSAGES. 2019, pp.186.

Vincent Banos et Jeoffrey Dehez, « Les trajectoires du bois-énergie en Aquitaine : du développement local aux territoires de l’énergie ? », Géocarrefour [En ligne], 90/4 | 2015, mis en ligne le , consulté le 30 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/geocarrefour/9947

Olivier Mora et Vincent Banos, « La forêt des Landes de Gascogne : vecteur de liens ? », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 14 Numéro 1 | mai 2014, mis en ligne le 05 mai 2014, consulté le 11 mars 2020.