La Creuse est l’un des 7 territoires-laboratoires sélectionnés dans le cadre du programme de recherche MARGINOV porté par l’UMR Passages et soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine.

La Creuse, un département référent en matière d’innovations socio-spatiales

Des territoires considérés « hyper-ruraux » à « revitaliser »

Les termes de dévitalisation et d’enclavement sont des constantes des discours se voulant caractériser le département de la Creuse. Ce département se distingue, il est vrai, par un déclin démographique constant depuis la fin du XIXe siècle, alimenté initialement par l’exode rural et désormais par le vieillissement de sa population. On rencontre en Creuse, la population la plus âgée de France avec 29,5 % de résidents de 65 ans et plus et la plus faible part des 0-24 ans (21,5 %) en 2017, ainsi qu’une forte prégnance du chômage de longue durée et de la pauvreté . S’ajoute à ces chiffres un ensemble de critères qui le classe parmi les départements comportant une majorité de bassins de vie « hyper-ruraux » tel qu’un rapport du Sénat sur la défense des services en milieu rural l’a médiatisé en 2014 (Bertrand, 2014) à partir d’une typologie d’espace proposée par l’INRA et l’UMR CESAER en 2011 (Hilal et al., 2011). Les bassins de vie « hyper ruraux » y sont définis par la conjonction du plusieurs critères :

  • des critères socio-économiques et démographiques : faible densité de population, importance de l’emploi agricole et de l’économie présentielle, vieillissement de la population,
  • l’enclavement géographique : éloignement des aires urbaines et des pôles de service.

En conséquence, la nécessité de revitalisation démographique du département apparaît comme un discours récurrent dans les différents programmes de développement du département. Le dernier en date, le « Plan Particulier pour la Creuse », élaboré en 2017, insiste sur l’importance stratégique de créer de l’emploi pour « redonner une dynamique démographique positive et durable ».

La Creuse : des bassins de vie hyper-ruraux

Toutefois, la Creuse ne correspond pas en tout point à des territoires « atones, à l’écart des dynamiques socio-économiques contemporaines et toujours placés sous le signe du déclin. Les évolutions récentes sont vives, du fait à la fois de la renaissance hyper-rurale et du changement de base économique en cours » (Depraz, 2017). D’une part, le déclin démographique apparent lié au vieillissement de la population (- 0,8 % par an de croit naturel) dissimule un solde migratoire positif (+ 0,3 %) en particulier dans le nord du département. D’autre part, les difficultés caractérisant cette situation d’hyper-ruralité sont paradoxalement des moteurs d’innovation socio-spatiale à l’origine desquelles on trouve des acteurs d’institutions publiques ou para-publiques et/ou des membres de la société civile.

Des méthodes de projet relevant du « design des politiques publiques comme levier d’innovation : le cas d’étude du laboratoire d’innovation publique départementale de la Creuse

Dans cette même période, le Conseil Départemental de la Creuse lance une mission d’accompagnement pour la préfiguration d’un Laboratoire d’innovation publique départemental retenant pour cela une équipe de prestataires proposant une démarche relevant des méthodes du « Design des politiques publiques » mis en avant par l’association la 27e région. A grands traits, les méthodes du design de politiques publiques s’appuient sur certains aspects des démarches de design, des sciences sociales et de mouvements alternatifs comme l’éducation populaire pour renouveler le fonctionnent des administrations publiques. Elle se distingue d’autres démarches par l’expérimentation, l’apprentissage progressif par essais-erreur à travers des tests et prototypages de services, outils, méthodes, modes d’organisation…

Un maillage territorial de lieux nouveaux : l’exemple des lieux hybrides et du réseau de tiers-lieux Tela

Un maillage inédit de lieux hybrides

Un autre exemple significatif d’innovations socio-spatiales sur ce territoire se traduit par l’accélération de l’émergence rapide d’un maillage dense de lieux hybrides aux côtés de quelques pionniers à l’image du café associatif « l’Atelier » situé sur la commune de Royère de Vassivière. Ces lieux physiques sont portés et animés le plus souvent par la société civile locale mais aussi par des collectivités publiques et dans de rares cas par les deux comme le tiers-lieu « Les ateliers de la Mine » situés sur la commune de Lavaveix-les-Mines.
Ils visent à répondre aux besoins spécifiques des habitants du territoire dans lequel ils s’inscrivent et proposent des services variés : coworking, fablab, ressourcerie, café associatif, scène de spectacle, bureaux, jardin partagé, drive fermier, épicerie solidaire, bibliothèque associative, etc. Ils se distinguent par la mise en commun de ressources, de compétences et de savoirs afin de favoriser les échanges et la rencontre entre des personnes variées en dehors d’une logique concurrentielle et commerciale et plus proche de l’économie sociale et solidaire.
Parmi l’inventaire de ces lieux hybrides en Creuse, une dizaine d’entre se sont placés sous la bannière des tiers-lieux. Le tiers-lieu de la « Quincaillerie numérique » est le premier à naître en 2014 à Guéret et la dynamique de multiplication rapide de ces lieux s’explique en partie grâce à des financements régionaux. Ces initiatives sont en effet soutenues et accompagnées depuis 2017 par la région Nouvelle-Aquitaine à travers des dispositifs d’appels à Manifestation d’Intérêt (AMI) avec pour objectif que le territoire néo-aquitain soit maillé à terme de 300 tiers-lieux. Le terme de tiers-lieu, s’il fait l’objet de définitions plus restrictives aujourd’hui, a été proposé à l’origine par le sociologue américain Ray Oldenburg (1997) pour désigner « un ensemble large de lieux où les individus peuvent se rencontrer, se réunir et échanger de façon informelle en particulier dans une optique politique ».

Les tiers-Lieux adhérents au réseau TELA

Un chercheur embarqué dans l’arène départementale

C’est dans cette « arène départementale » que se situent les travaux de recherche conduits dans le cadre de MARGINOV. Par l’intermédiaire d’un chercheur embarqué, Stéphane Duprat, paysagiste et doctorant, nous accompagnons et observons de l’intérieur la structuration d’un réseau de Tiers-lieux creusois, l’émergence d’un Laboratoire d’innovation publique départemental et le développement de Communautés de pratique rassemblant élus, agents de développement, associatifs, professionnel de l’espace et simples citoyens au service du développement territorial de la Creuse.

Actions d’accompagnement des démarches innovantes du territoire

Carte des démarches accompagnées par Marginov

Les actions d’accompagnement dans le processus d’innovation socio-spatial

Identifier les ressources et initiatives du territoire

Susciter des échanges entre acteurs

expérimenter à partir de chantiers collaboratifs

Structurer  et Pérenniser démarches et actions

Historique des innovations socio-spatiales en Creuse
La préfiguration d'un laboratoire d'innovations publiques
Les partenaires :
  • Enseignement supérieur et recherche : ENSAP Bordeaux, UMR Passages, DSSA La Souterraine
  • Institutionnel : Conseil départemental de la Creuse
  • Société civile et acteurs économiques : Réseau TELA, Bureaux B02, Agence Détéa
Pour approfondir :
Séminaire de recherche du 1er et 2 octobre 2020
Pour plus de détail sur l’historique des démarches d’innovations socio-spatiales en Creuse